Actualités / Cultures - mardi 31 mars 2015 - (6 images)

Cent cinquante nuances de rouge

C’est sûrement l’un des secrets les mieux gardés chez les pompiers du Rhône. 7000 m2 qui feraient rêver plus d’un gamin. Au sud de Vaulx, au détour d’un hangar, se cachent les réserves du musée des sapeurs-pompiers Lyon-Rhône situé à la Duchère (Lyon 9e). “C’est un antre ici”, assure Sarah Betite, la directrice de l’établissement, pas mécontente de l’effet que fait le lieu sur les visiteurs.

Vermillon, ponceau, carmin, vermeil, écarlate… Ce ne sont pas moins de 150 véhicules étincelant et sagement alignés qui retracent la grande histoire des soldats du feu du 19e siècle à nos jours, dans un impressionnant camaïeu de rouge. “Nous sommes un musée de métier dans lequel la mémoire se transmet”, note la directrice qui peut compter sur une armée de bénévoles, pour la plupart d’anciens pompiers, attachée à faire perdurer un savoir-faire technique pour l’entretien de ces “joujoux”, comme les appelle Frédéric Pizzinato, le mécanicien en charge de leur restauration. Le spécialiste passe ses journées au beau milieu de ces camions, avec, il l’avoue, un plaisir enfantin. Il est incollable sur les aspects techniques du moindre véhicule ou sur la longueur de chaque échelle (la plus grande fait 45 mètres), comme un collectionneur devant ses miniatures. “Sauf que nous, ce sont des modèles grandeur nature que nous chouchoutons”, plaisante-t-il.

 

Le tour de France en 150 camions

Beaucoup de ces véhicules emblématiques nous viennent des Pompiers du Rhône, confie Sarah Betite. Ils nous sont offerts au moment où ils sont réformés. C’est le cas par exemple de notre dernière acquisition, un fourgon Mousse des années 1980 qui a vécu le tragique incendie du Port Edouard-Herriot en 1987”. Et ces beaux camions rouge ont 1001 anecdotes de ce genre à raconter. Certains ont connu le front durant la première guerre mondiale, d’autres, la Résistance ou des tournages de films (la Grande Vadrouille, le Gendarme de Saint-Tropez, les Enfants du marais). Le feu de la rampe après celui des incendies.  

Que ce soit les pompes à bras hippomobiles aux noms évocateurs – “la Bonne voisine” ou encore “la Bienvenue”- et au travail soigné, les magnifiques Delahaye de luxe aux cuivres rutilants des années 1910-20 ou les généreuses Berliet de l’après guerre et leurs grandes échelles, toutes portent fièrement le nom de la caserne où elles ont servi. D’Epinal à Nice, en passant par Aurillac, Paris et bien evidement Lyon, c’est un véritable tour de France que les réserves du musée des sapeurs-pompiers offre de faire. Une balade en voiture de luxe s’il vous plait ! Au beau milieu d’une travée de Delahaye toutes plus sublimes les unes que les autres, ont retrouve le bolide d’un prince russe transformé en voiture de secours durant les années folles. “C’est un objet rarissime, une œuvre d’art”, souligne le mécanicien.

Une petite histoire parmi tant d’autres racontées avec plaisir par le binôme. “Et si vous voulez en avoir plus, venez donc faire un petit tour au musée”, lance Sarah Betite, néophyte en matière de mécanique qui en apprend chaque jour sur la culture pompier.

 

Maxence Knepper

 

  

 “Le bon coup de main”

Parmi les belles Delahaye du musée, l’une retient tout particulièrement l’attention. Cette voiture parisienne de 1913 a été envoyé sur le front en 1914, à Bar-le-Duc (Meuse). Une vieille dame donc, qui ne fait pourtant pas son âge avec sa cloche, sa manivelle, sa pompe, ses lampes à acétylène et ses deux cornes toujours capable de produire le célèbre “Pin-Pon”. “Elle fonctionne encore très bien, mais il faut un bon coup de main”, souligne Sarah Betite. L’an dernier, ce petit bijou a été exposé au Ministère de l’Intérieur, place Beauvau à Paris, pour les journées du Patrimoine. Et Frédéric Pizzinato a prouvé qu’il avait ce fameux coup de main puisqu’il l’a fait fonctionner, sous les applaudissements de la foule. “Un vrai plaisir”, avoue-t-il. 

 

Visitez le musée

Musée des sapeurs-pompiers Lyon-Rhône, 358 avenue de Champagne, Lyon 9e. Tél, 04 72 17 54 54. www.muséepompiers.com

Le musée, labellisé Musée de France depuis 2005, accueille le public du mercredi au vendredi, de 9 à 12 heures et de 14 à 17 heures. Tarif, 6 euros (demi-tarif pour les étudiants et le personnel du SDIS Rhône). Gratuit pour les moins de 18 ans.

Les locaux vaudais des réserves, mis à disposition par la Métropole, ne sont pas visitables pour le moment. 

6016 vues

Commentaires

Vaulx-en-Velin > Journal > Actualités > Cultures > Cent cinquante nuances de rouge