Actualités / Société - mercredi 02 décembre 2015 - (3 images)

L’auberge vaudaise : “Notre colocation est solidaire...”

“CA S’EST BIEN passé tes partiels ?” “T’avais beau- coup de cours aujourd’hui ?” “Pas trop crevé après la danse ?” “Les gars, vous voulez boire un verre et faire une partie de Fifa ?”

Willy, Justine, The Viet, Benoît, Amine, Alice, Yannick, Anaïs, Jorge, Lucie, Virginie et Loïc ont entre 18 et 25 ans et viennent d’Espagne, d’Italie, du Togo, du Maroc, du Vietnam et de toute la France. L’un travaille comme tuyauteur industriel à la raffinerie de Feyzin et compte reprendre son cursus, les autres étudient à l’ENTPE, l’Ensal, les universités Lyon 2 et 3, l’Insa ou l’Inseec (1). Tous ne se connaissaient pas il y a encore trois mois. Ils vivent ensemble depuis la rentrée, dans trois colocations de trois, quatre et cinq personnes au sein de la résidence Le Ksar, située aux Verchères. C’est en quelque sorte l’Auberge vaudaise. La seule différence avec le film de Cédric Klapisch, l’Auberge espagnole, hormis le fait que ni Romain Duris, ni Cécile de France ne font partie du casting, c’est que leurs colocations sont solidaires.

Pour la plupart, l’aventure Kaps a débuté par une petite annonce. “Grand appartement meublé, à loyer modéré, proche des écoles et universités, recherche kapseur/kapseuse motivé(e) pour partager son loyer, ses soirées et son envie de solidarité !” Ensuite, il a fallu remplir un dossier pour postuler, puis expliquer ses motivations lors d’un entretien.

“Créer du lien entre les étudiants et les habitants”

“L’idée pour nous, c’est d’inciter l’arrivée d’étudiants au cœur des quartiers, comme vecteur de dynamisme et de mixité, indique Meri Izrail Kohen, chargée d’innovation social chez Est Métropole Habitat. Les projets mis en place par les Kapseurs avec l’Association de la fondation étudiante pour la ville (Afev) permettent de mettre en lien les étudiants et le reste des habitants, deux publics qui habituellement se mélangent très peu.”
Au premier étage, l’appartement de Jorge, Lucie et Willy – et ses 45m2 de terrasse – est l’épicentre de la résidence. C’est là que la plupart des colocataires se retrouvent pour faire avancer leurs projets ou simplement boire une bière et faire une partie de jeu vidéo. L’ambiance est bon enfant. Ce soir-là, on s’organise même pour fêter Noël.
Le dispositif leur laisse en effet du temps pour étudier et faire la fête, le b.a.-ba de la vie estudiantine. “Lyon, c’est très sympa quand on est jeune, il y a une grosse communauté étudiante et toujours des choses à faire”, assure Jorge pour qui les soirées lyonnaises n’ont rien à envier aux nuits madrilènes. Seul bémol, les transports en commun. La résidence est à proximité immédiate des grandes écoles vaudaises, mais la desserte vers les autres campus est compliquée. “Pour aller à la Fac à Bron, je prends le bus, raconte Alice avec son délicieux accent transalpin. Mais c’est très long ! J’en ai pour près d’une heure avec le 52. Il fait le tour du monde !”

Maxence Knepper

(1) école nationale des travaux publics de l'état (ENTPE), Ecole nationale supérieure d'Architecture de Lyon (Ensal), Institut national des sciences appliquées (Insa) et Institut des hautes études économiques et comerciales (Inseec).

Pratique : www.afev.fr

www.est-metropole-habitat.fr

 

Deux projets à l’échelle d’un quartier

PAS BESOIN de partir à l’autre bout du monde pour vivre une expérience riche de partage, de solidarité, de rencontres, de diversité. Il suffit de trouver une colocation solidaire et d’être à l’écoute des habitants. Avec eux, et pour eux, les recrues mettent leur créativité, leur sens de l’initiative et leur énergie au service de projets innovants, compatibles avec leur emploi du temps. Aux Verchères, de concert avec Coline Thébault, chargée de développement local pour l’Afev qui coordonne le dispositif, et Ninon Bossy, en service civique auprès de l’association, les colocs se sont accordés sur deux thèmes : le développement des modes de transports doux, principalement le vélo, et la sensibilisation au bien manger pour en finir avec l’équation “repas étudiants = pizzas”. Pour ce faire, ils mettent en place des ateliers cuisine et élaborent des recettes saines, faciles et économiques. Ils comptent aussi inviter un diététicien pour faire un diagnostic et étendre l’action aux habitants des quartiers Est.

Côté modes doux, les Kapseurs font un sondage auprès de tous les habitants du Ksar pour les in- citer à se déplacer en bicyclette. Willy souhaite aussi mettre des vélos en libre service pour les résidents. “A la raffinerie où je travaille, on en utilise beaucoup et certains sont jetés alors qu’ils sont encore utilisables. Mon contremaître m’a autorisé à en récupérer pour les retaper, explique-t-il. J’espère en mettre à disposition trois ou quatre d’ici les beaux jours”. L’idée semble plaire aux voisins. “ encore, le but est d’insuffler une dynamique plus large qui toucherait l’ensemble des habitants du quartier”, précise Lucie. 

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