Actualités / Cultures - vendredi 22 novembre 2013
Le calme Boogaerts avant la tempête Hyperclean
Quand Mathieu Boogaerts entre en scène, son extrême solitude et la lumière palote des projecteurs peuvent paraître désuètes. Elles sont pourtant à l’image du tour de chant : simple, efficace et intimiste à souhait. “J’aime l’idée de chanter dans un festival de chansons françaises. Je me sens à ma place.” La simplicité n’empêche pas le groove. L’ancien partenaire musical de Matthieu Chedid jongle entre piano et guitare avec une facilité déconcertante. Il est un fond sonore pourtant qui ne varie pas : la bonne humeur du public. Les textes doux-amers -un peu pipi-caca, juste ce qu’il faut- déclenchent rires et sourires. L’absence de grosse machinerie rythmique a tout de même ses limites. “Quand je suis guitare-voix, si vous frappez des mains, on ne sait pas qui accompagne qui.”
Technicien du mot, le chanteur à l’habitude de mettre sa plume séductrice au service de voix féminines. Camélia Jordana, Luce et Vanessa Paradis en (voix de) tête. Liane Foly aussi, même si, il l’avoue, ce n’est pas sa tasse de thé. Mathieu Boogaerts a donc tenu à offrir aux Vaudais le titre qu’il vient de livrer à l’interprète de Au fur et à mesure. “J’adooooore ce que vous faites”, lance, taquin, Mathieu, en singeant la chanteuse-imitatrice. Après une ultime berceuse, Boogaerts laisse la scène à un groupe qui n’a de propret que le nom.
Hyperclean porte l’improbabilité au rang de discipline artistique. Le chanteur de la formation, Frédéric Jean, fils illégitime de Brigitte Fontaine pour la poésie décalée et de Gilbert 100 000 volts Bécaud pour l’énergie débordante, est habité par une créature maléfique et électrique. Allié à la batterie lancinante d’Emile Sornin et à la basse métronomique de Benjamin Glibert, le cocktail est explosif. Dans une schizophrénie scénique, il passe d’une voix d’outre-tombe à une voix plus enfantine pour déclamer des textes tous plus barrés les uns que les autres. “Mais tout le monde dors ici !”, hurle-t-il de sa voix de demi fou. Par rapport à lui, effectivement, la salle était bien calme.
Maxence Knepper
Photo © Marion Parent
Une première partie berçante, une seconde survoltée. Le calme de Mathieu Boogaerts, avant la tempête Hyperclean. La deuxième soirée du festival La Voix des Mots était placée sous le signe du mélange (radical) des genres.
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