Actualités / Cadre de vie - mardi 21 janvier 2014

Balade dans les cimetières de Vaulx-en-Velin

La Commune compte trois cimetières : les Brosses au Sud, le cimetière de l’Egalité au centre-ville, et le plus ancien, celui de l’église au Village. Initialement situé autour de notre-Dame de l’assomption, ce cimetière primitif est transféré à quelques mètres au nord en 1852. 30 ans plus tard, on projette déjà de l’agrandir, faute de places après une épidémie de petite vérole. Finalement, c’est en 1921 que l’érection d’un nouveau cimetière rue de l’egalité est votée. Les années 1930 étant celles du boom industriel vaudais, la population explose et les équipements communaux ne suffisent plus. “La municipalité, dans le but de desservir le quartier de la Poudrette, des Brosses et de la Soie, qui sont considérablement développés depuis l’installation d’usines de soie artificielle, a décidé de créer un nouveau cimetière communal à la Poudrette”, indique une délibération de 1944. Mais les temps sont durs, le pays est à reconstruire et il n’est pas aisé de rassembler tous les matériaux nécessaires à l’ouvrage. après cinq ans de travaux, ce cimetière est achevé en 1950. D’une superficie de près de trois hectares, c’est le plus grand de Vaulx-en-Velin.

L’Eglise : épitaphes et vieilles familles

De toutes les allées du cimetière du Village, celle qui longe le mur nord conserve les tombes les plus anciennes. on y remarque le monument de la famille Milliat-Durand, les propriétaires du château de la Barre (aujourd’hui parc elsa-triolet). avec ses 14 pierres et sa grande croix centrale, le caveau est imposant. Sur chacune de ses stèles est gravé un sobre résumé de la vie des défunts. il y a Régis Durand, ancien polytechnicien et chevalier de la Légion d’honneur, Louis, avocat à la cour d’appel de Lyon et président des caisses rurales ouvrières françaises, edouard, nourrisson de treize mois, antoine Milliat, ancien maire du début du XiXe siècle, décédé en 1834, ou encore son fils, François, lui aussi élu, disparu en 1876. et puis il y a l’épouse de ce dernier, Victorine Jangot, morte à la toussaint 1880. Ses enfants ont inscrit une touchante strophe à son égard : “Le temps consacrera ô ma mère héroïque chrétienne aux vertus d’autres jours. A Vaulx, ta charité restera légendaire. Ton nom, ton nom béni survivra toujours.” Dans ce petit cimetière de 27 ares, on retrouve aussi des anciens combattants et des résistants, comme Georges Rougé, blessé pendant l’attaque du pont Lafayette en 1944 et décédé à 20 ans. a ses côtés, beaucoup d’élus, de notables et de maraîchers. normal dans la capitale des cardons. Des artistes y sont aussi enterrés. Parmi eux, René Baumer, peintre et sculpteur mort en 1982, dont plusieurs oeuvres sont exposées dans la salle du conseil de l’Hôtel de ville.

Egalité et Brosses : témoins des migrations

Ils ne sont peut-être pas nés à Vaulx-en-Velin, mais ils ont fait de cette ville la leur. Les cimetières de la commune témoignent de l’histoire des migrations dans la région. Celui de l’Egalité d’abord, mais plus encore celui des Brosses, de par sa proximité avec l’ancienne usine tase, ogre à main d’oeuvre étrangère où des dizaines de nationalités cohabitaient sur les chaînes de montage. Italiens, espagnols, Portugais, arméniens, Polonais, Russes, algériens, Marocains, Tunisiens… autant d’origines qui se lisent sur les sépultures de ces deux cimetières. aujourd’hui, deux carrés confessionnaux viennent parfaire l’offre funéraire communale. installés en 2007 au Sud, près de l’ossuaire communal, ils accueillent déjà 80 tombes, dont 79 musulmanes et une israélite. Longtemps, la ville, comme la plupart des autres communes françaises, a manqué d’équipements de ce genre. Désormais, chacun est libre de se faire inhumer selon ses propres rites. “C’était une vraie demande, souligne Batoul Hachani, adjointe à l’état civil et aux formalités administratives afférentes. Beaucoup de personnes ont grandi ici. Pour eux, aller se faire enterrer dans leur pays d’origine, n’est pas une solution. Ils s’estiment Vaudais.” avoir une sépulture sur le sol français, c’est plus qu’une question pratique, c’est une manière de signer le lien fort qu’ils ont créé avec leur pays d’adoption.

Maxence Knepper

Photo © Marion Parent

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