Actualités / Société - mercredi 01 avril 2015

Centenaire du génocide des Arméniens

CENT ANS se sont écoulés depuis l’application du décret du gouvernement Jeune turc appelant à l’extermination des arméniens vivant en Turquie.

La folie meurtrière à l’encontre de cette minorité chrétienne de l’empire ottoman avait commencé dès les années 1894. Elle trouvera son apogée dans le contexte de la première guerre mondiale, le 24 avril 1915, avec l’arrestation de l’élite intellectuelle et politique arménienne à Constantinople (aujourd’hui Istanbul). Vont se succéder et ce pendant plusieurs années, massacres de populations, déportations des femmes, vieillards et enfants à travers le désert de Syrie. Les descendants des rescapés portent à jamais les stigmates de ce passé.

Silva Nahabidian a grandi au Liban, suite à la fuite de son père de Turquie avec ses parents. “Mon père était petit mais il se souvient qu’on tuait des femmes enceintes avec des bâtons dans le ventre”, raconte celle qui rattrapée par la guerre au Liban en 1976 a dû fuir à son tour. Aujourd’hui, sa fille Caroline âgée de 30 ans est fière de ses origines arméniennes : “Il est important de conserver notre arménité sans être communautariste”, affirme-t-elle. La ville de Vaulx-en-Velin, qui compte une forte communauté arménienne a été l’une des premières villes françaises à commémorer le génocide des arméniens. Depuis, 2007, la cérémonie qui se déroule, chaque année, sur la place du 24 avril 1915 peut se faire devant le Khatchkar offert par la ville jumelle d’Artik à l’occasion du 92e anniversaire du génocide.

Cette commémoration se déroulera cette année, le 22 avril en présence de nombreuses personnalités parmi les- quelles Jean-marc Todeschini, secrétaire d’Etat à la Défense, chargé des anciens combattants et de la mémoire, Vaner Harutyunyian, vice- Consul général d'Arménie à Lyon, le maire d’Artik et des représentants des autres villes jumelées et des associations arméniennes.

 

Contre l’oubli

La municipalité va commémorer avec force le centenaire de cette tragédie en organisant différentes cérémonies et manifestations culturelles. “La persistance de la culture et des traditions arméniennes sont la preuve de l’échec du génocide”, souligne Armand Menzikian, conseiller municipal délégué aux Relations internationales, et président du Comité de commémoration du centenaire.

Il précise que cette manifestation sera placée sous le thème de la citation de Saint-Exupéry : “si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis”. “Cette commémoration porte aussi la mémoire de tous les génocides. Il s’agit de montrer que la diversité est une richesse naturelle”, ajoute l’élu.

Pour lui, comme pour tous les arméniens qui témoignent du passé douloureux de leurs familles décimées, déplacées, éparpillées à travers le monde, il s’agit aussi de lutter contre le négationnisme. Tous s’accordent à dire que la Turquie sortirait grandie si son gouvernement recoNnaissait le génocide. Tous expriment une souffrance mémorielle transmise de générations en générations, une blessure à vif qui ne peut se refermer. Takouhie Derderyan est née en Turquie il y a 62 ans. “Mes grands- parents ont été tués. Mes parents devaient cacher leurs origines arméniennes”. Ne supportant plus les discriminations, elle décide de partir pour la France. Le plus souvent, les survivants n’ont pas eu la force de raconter les faits et ont privé, bien malgré eux, leurs descendants d’une connaissance de leur propre histoire. “Mes parents ne m’ont pas raconté grand- chose, commente Paul Chémédikian, on a appris l’histoire à travers les livres. Ils sont partis en France, ils ne parlaient pas un mot de français. C’est là que je suis né en 1930. Nous vivions dans les cités parmi les autres étrangers”, pour- suit-il. Le besoin de parler, de transmettre se fait de plus en plus impérieux au fur et à mesure que le temps passe. Les témoignages sont poignants, attestent aussi d’une volonté farouche de se battre pour que la vérité soit dite.

Jeanne Paillard

Pratique : les commémorations du centenaire vont débuter par des expositions présentées dans différents établissements scolaires, au centre culturel Charlie-Chaplin et à l’EPI à partir du 1er avril et ce jusqu’à la fin du mois.

Le 18 avril le groupe Nairi présentera un spectacle de danse à 20h30 au Centre culturel Charlie-Chaplin.

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