Société / Les jeunes s’engagent dans la lutte contre les préjugés - mardi 03 mars 2015

“On vit au jour le jour...”

Un AUTRE VISAGE de la jeunesse. Ils ont 17- 20 ans, eux aussi. Mais bien loin de s’engager dans quelque débat sur des thèmes de société, ils font partie de cette jeunesse que l’on dit désœuvrée. Ce soir-là, ils sont trois devant l’espace Lamaze, au Village. Parfois, ils sont plus nombreux et il arrive que certains déraillent, mettent le feu aux poubelles, lancent des projectiles sur les vitres de ce bâtiment municipal où est collée une affiche “République Française”...

Une nuit, cinq voitures ont brûlé dans la rue. a 2h30 du matin, un gamin d’une quinzaine d’années passait et repassait en vélo pour voir le spectacle. Une autre nuit, plusieurs mètres carrés de murs ont été tagués au sein de l’école Grandclément. Même topo en d’autres lieux de la ville. A Vaulx comme dans toutes les autres villes françaises, le désœuvrement conduit parfois aux 400 coups, à des actes de dégradation, de provocation.

Pour Kamel et Lounès, la voie n’est plus que l’expérience de la vie, brute de décoffrage. “On vit au jour le jour”, dit le premier. lui a 18 ans ; il a lâché l’école ou l’école l’a lâché, en filière pro. “Je n’ai pas tenu un trimestre. J’ai été renvoyé à cause d’une embrouille avec un prof”. Depuis, il se débrouille : “De temps en temps je donne un coup de main à mon frère qui tient un magasin, quand il a besoin. Ça me fait un peu d’argent”. ainsi, il vit de ce qui vient et de ce qui ne vient pas. Tout comme son pote Lounès, bientôt 19 ans et plus encore à l’école de la rue. “J’ai quitté le lycée en première. Je n’ai pas de travail et je n’en cherche pas. Je vais de moins en moins à la Mission locale”. avec eux il y a Bilel, 17 ans, élève en bac pro d’électricité. lui est en vacances. Le vide, l’ennui, les jeunes le partagent entre eux ; ils le comblent en fumant, en buvant, quelques-uns l’expriment en cassant. “Ceux qui cassent, dit Lounès, ce sont des abrutis. L’alcool leur monte au cerveau”. “Certains ont la rage et donnent des coups comme ils peuvent au système”, décrit Farid, un jeune de Vaulx sud.

F.M

NB les prénoms sont fictifs

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