Actualités / Société - jeudi 19 novembre 2015

Santé : aux grands maux les grands remèdes

PRÉVENIR plutôt que guérir. Si l’adage est communément admis, les pratiques de soins, qui se font souvent dans l’urgence et trop tard, ont tendance à aller à son encontre. Résultat : les 37 médecins généralistes que compte la ville se retrouvent vite dépassés. Leur tâche est d’autant plus ardue que la commune souffre d’un manque criant de spécialistes. Ils endossent alors et à défaut, le rôle de dermatologue, gynécologue, diététicien ou encore endocrinologue, professions peu présentes sur le territoire. “Les pharmacies deviennent, elles aussi, le lieu de substitution où on reçoit, gratuitement et sans rendez-vous, de précieuses recommandations médicales”, explique Sylvie Sanchez, responsable du service Promotion de la santé de la Ville(1).

Pour pallier ce manque, de nombreux dispositifs ont été mis en place notamment pour les personnes atteintes de diabète. En effet, les deux derniers diagnostics santé réalisés par l’Observatoire régional de la santé (ORS) Rhône-Alpes constatent que la commune de Vaulx-en-Velin a un taux de patients hospitalisés pour diabète de 2 338 pour 100 000 habitants, contre 1 217 au niveau départemental, soit près du double. Selon le service municipal, les nombreuses difficultés que rencontrent les Vaudais expliquent en partie ce taux élevé. Le surpoids, le manque d’activité physique ainsi qu’une mauvaise alimentation sont d’autres facteurs majeurs de l’augmentation du nombre de diabétiques.

Un test dès 45 ans

La forme la plus répandue de la maladie évolue généralement sans symptômes apparents et n’est souvent diagnostiquée qu’au moment de graves complications. “Il est conseillé de pratiquer un test à partir de 45 ans”, précise Jean-Paul Riou, endocrinologue, qui tient des permanences à l’espace Frachon et carmagnole afin de prévenir, accompagner et aider les diabétiques. En parallèle, des ateliers ludiques de cuisine et d’activités physiques telles que la marche, sont proposés à ceux qui le souhaitent. La municipalité a également signé une convention avec différents partenaires, afin de mettre en œuvre un nouveau parcours de soins pour les diabétiques.

Du mal-être à l’hospitalisation

L’autre difficulté contre laquelle la municipalité souhaite lutter, concerne les souffrances psychiques. Toujours selon le service Promotion de la santé, les indicateurs quantitatifs à propos de la santé mentale montrent que les Vaudais sont moins suivis en psychiatrie en ambulatoire et qu’ils consomment moins de psychotropes, que les habitants de la métropole ou de la région. Une bonne nouvelle qu’il faut prendre avec précaution, puisqu’ils consomment moins de psychotropes, que les habitants de la métropole ou de la région. Une bonne nouvelle  qu’il faut prendre avec précaution, puisqu’ils sont davantage concernés par des problématiques qui nécessitent un passage par l’hôpital, voire la reconnaissance d’affection de longue durée (ALD) pour affections psychiatriques. Parallèlement aux pathologies qui  nécessitent une hospitalisation, professionnels et habitants dressent le constat d’un grand mal-être, d’une grande souffrance psychique engendrée par la précarité et les conditions de vie difficiles qu’elle impose. Une précarité qui isole et par syllogisme, cet isolement subi aggrave la souffrance psychique. Les femmes seules avec des enfants en bas âge et les personnes âgées font partie des publics les plus exposés. Un sentiment de mal-être peut également cacher une dépression, une maladie fréquente qui touche environ 5% de la population. Mal dormir, ne pas avoir envie de manger, ressentir une tristesse quasi permanente, sont autant de signes qui doivent inciter la personne concernée ou ses proches, à consulter le médecin traitant ou une structure dédiée. Une démarche qui ne va pas de soi puisqu’un sentiment de honte, particulièrement chez l’homme, empêche parfois de demander de l’aide. “Etre fort, c’est demander de l’aide. Le risque c’est d’enterrer le mal et in fine de l’aggraver. Quelqu’un qui déprime n’est pas libre, les soins sont un outil de la liberté”, martèle le professeur Jean-Louis terra, praticien hospitalier, chef du service hospitalo-universitaire du Pôle ouest psychiatrie du centre hospitalier Le Vinatier. Par manque d’habitudes ou pour raison financière, les habitants fréquentent peu les cabinets des psychiatres libéraux. Pour inverser la tendance, un conseil local de santé mentale a été créé en 2014 à Vaulx-en-Velin. Jusqu’ici, il attendait l’aval de l’ARS pour fonctionner.

Yazid Amiar

(1) Le service Promotion de la santé de la ville va prochainement éditer un guide santé où sera recensé les adresses utiles pour se soigner.

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