Portraits / JOURNAL N°101 - mardi 14 octobre 2014

Fayssal Hacham, l’art et la manière de faire rire

POUR SES ANCIENS camarades d'école, Fayssal Hacham était déjà le comique de la bande. “Il était ... remuant !”, se souvient l’un d’entre eux. Plus de 10 ans plus tard, le constat n'a pas vraiment changé. Fayssal a toujours la bougeotte et des projets plein la tête.

Au printemps dernier, le Vaudais de 29 ans et ses compères Hassen Hannachi et Fares Belgharbi ont marqué la campagne des municipales avec leur marionnette Nota Bene et ses interviews politiques décalées, les Questions du 22. “Fayssal a porté avec brio ce projet, estime David Dupuy, éducateur de la Slea, qui a suivi de près l’affaire. Il a montré que, contraire- ment à ce qu’on entend souvent, les jeunes peuvent s’intéresser aux questions politiques”.

 

Docteur Hacham, mister Fayssal

Cette fois, c'est sur scène que Fayssal Hacham s'est fait remarquer, en remportant la 2e place du tremplin des jeunes talents de l'humour organisé par Vaulx Premières Planches. “Ce qu’il fait est extraordinaire. Il ne s’est pas pro- duit beaucoup de fois avant le festival et déjà, il enflamme le public”, assure Booder, comédien confirmé et parrain de l’évènement.

Un sésame qui lui a permis de participer au festival Rires d'automne. Le 3 octobre, c'est devant un public chauffé à blanc que le jeune homme, veste cintrée, chemise blanche impeccable et chaussures italiennes, s'est produit. Vingt minutes durant lesquelles il a laissé s’exprimer son double schizophrénique FayssToFace, être bicéphale qui peine à jongler entre sa petite vie de comptable bien rangé et ses vieux démons de jeune de ban- lieue un brin caricatural qui “souffre du trouble de l’identité nationale”. Fous rires dans la salle. Standing ovation. "On est tous pareil, commente-t-il. On veut renvoyer une certaine image au monde, et parfois, notre petit moi intérieur a une envie pressente de refaire surface pour envoyer promener les donneurs de leçons".

 

“Un avenir très prometteur”

Le petit Vaudais des quartiers Est a fait du chemin. Après des études d’économie et de gestion, une licence en comptabilité et des petits boulots, il devient comptable, avant de suivre une formation en réalisation audiovisuelle. C’est dans cette antinomie entre la caricature du comptable un peu austère et celle du rigolo de service que le jeune talent puise son inspiration.

“Je n’avais jamais pensé monter sur scène, explique-t-il. Mais en travaillant sur le projet des questions du 22, j’ai croisé la route de Rman, Nassim Bombo et Kacem de la Fontaine, et à travers eux, celle de Vaulx Premières Planches. Je dois beaucoup au travail de l’association et de sa présidente, Cheia Milouda. De fil en aiguille, nous avons commencé à écrire à huit mains et je suis monté sur scène, à Villeurbanne, au Graine de star Comedy Club, avec l’aide de Mehdi Aït Hamoudi pour la mise en scène.”

C’était le 8 septembre dernier. Que de chemin parcouru en si peu de temps. “A mon avis, il a devant lui, un avenir très prometteur”, considère Jean-Luc Vessot, pilier de Vaulx Premières planches. Désormais, Fayssal Hacham s’attèle à la mise en forme d’un spectacle entier. “J’ai eu de bons retours, mais cela ne me suffit pas. Il faut travailler encore et encore”, admet-il, sans fausse modestie. En parallèle, il écrit un court métrage qu’il compte tourner avant la fin de l’année. “J’espère aussi pouvoir ressortir Nota Bene des cartons en 2015, pour joindre le marrant à l’intéressant”, avance celui qui rêverait de pouvoir vivre de ses créations.

Maxence Knepper

Photo © Marion Parent

C’est l’histoire d’un comptable devenu humoriste. Fayssal Hacham, jeune Vaudais des quartiers Est, a 29 ans et du talent à revendre. Passé d’employé de bureau à artiste, il a charmé le public de Rires d’automne.

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