Portraits / JOURNAL N°105 - mardi 16 décembre 2014

Azzedine Zeraï repart pour une campagne des Restos du cœur

Il y a des anniversaires qu’Azzedine Zeraï se passerait bien de fêter. Celui des Restos du cœur par exemple. Cet hiver, l’association entame sa trentième campagne. a la tête de l’antenne vaudaise aux côtés de Jackie Gallet, Rémi Vidal et Martine Testa, le responsable ne peut que déplorer la baisse des dons alors que le nombre d’inscrits est à la hausse. “Normalement, on devrait avoir nos stocks remplis à cette période”, constate-t-il, devant les étagères à moitié vides de l’entrepôt qu’il gère avec son camarade Rémi, bénévole depuis 15 ans. 800 familles sont attendues cet hiver ; la saison s’annonce rude. “Cela me travaille, surtout le dimanche soir. Je me demande ce que l’on va pouvoir donner aux bénéficiaires le lendemain. On s’habitue difficilement à dire aux gens : désolé, c’est tout ce qu’on a”.

 

Livrer bataille contre la faim

C’est la sixième campagne que ce grand-père de 69 ans livre. Comme autant de batailles contre la faim et pour la dignité des plus démunis. Son téléphone en main et ses clés de voiture jamais très loin, Azzedine Zeraï remue ciel et terre pour s’approvisionner. Il sillonne les routes de l’Est lyonnais à la rencontre des maraîchers qui acceptent pour certains de lui offrir quelques surplus. Il contacte aussi les grandes surfaces, histoire d’améliorer l’ordinaire. Souvent, en vain. “Auparavant, Lidl nous donnait de la marchandise. Depuis qu’ils ont brûlé, trouver un supermarché permettant qu’on passe régulièrement récupérer des denrées, c’est devenu extrêmement difficile”, note le responsable.

Il y a pourtant des commerces vaudais qui acceptent. “Vaulx n’est pas une ville riche, elle reste pourtant généreuse”, estime-t-il. la boulangerie Sangouard, rue Victor-Hugo, fournit chaque semaine du pain frais. “C’est le genre d’attentions qui rendent nos bénéficiaires heureux. Une baguette, c’est un plaisir simple qui suffit parfois à donner le sourire”. Azzedine Zeraï avoue sa sensibilité et son besoin de contact. S’il a toujours eu envie d’aider, il a attendu sa retraite pour le faire, comme il a attendu pour cultiver son petit lopin de terre à la Xavière, au nord du Village. “Avant, je n’avais pas le temps pour tout ça”, explique celui qui habite à l’Ecoin- sous-la-Combe, à deux pas de l’entrepôt des Restos du cœur.“Avant”,c’était lorsqu’il était magasinier pour un négociant en carrelage et qu’il maniait à longueur de journée, transpalettes et chariots élévateurs. Une compétence bien utile pour réceptionner les livraisons des Restos. les carreaux de faïence ont aujourd’hui laissé la place aux boîtes de conserve.

“On compte sur vous”

A la fin d’une longue journée de distribution qui aura vu passer dans les locaux de l’avenue Eugène-Henaff près de 300 personnes, les bénévoles s’accordent un moment pour souffler, avant que chacun reprenne sa petite vie. On fait le bilan de la journée, on parle de tout et de rien, mais toujours avec ce franc sourire devenu au fil du temps, la marque de fabrique des Restos du cœur. On en profite aussi pour ajuster le planning du lendemain ou de la semaine à venir. Car si les denrées manquent, les bénévoles aussi. Ils sont une cinquantaine actuellement. “On n’ est jamais assez”, tranche Azzedine Zeraï. l’association reçoit toutes les personnes de bonne volonté qui souhaitent les rejoindre. a Vaulx-en-Velin comme ailleurs, la devise des Enfoirés, “on compte sur vous”, est bien d’actualité.

Maxence Knepper

Pratique : les Restos du cœur, 18 avenue Eugène-Henaff. Tél, 09 66 01 54 39.

Photo © Marion Parent

Depuis six ans, ce grand-père donne de son temps aux Restos du cœur. Comme beaucoup de bénévoles, il se démène pour offrir un peu de chaleur aux bénéficiaires et remplir les étagères, malheureusement de plus en plus vides.

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