Portraits / JOURNAL N°97 - mardi 01 juillet 2014

Rachid Ziar, des côtes algériennes aux Jeux olympiques

“RIEN ne sert de courir, il faut partir à point”, disait la fable. Pour Rachid Ziar pourtant, courir et partir à point vont de pair. A 41 ans, cet ancien athlète a laissé tomber la compétition pour encadrer les enfants de l’Athlétisme club de Vaulx-en-Velin dont il est le président d’honneur. une ville qu’il connaît par cœur puisqu’il y a habité à la fin des années 90, lorsqu’il parcourait la planète et était au sommet de sa discipline.

Courir pour s’en sortir

La course, Rachid Ziar a commencé un peu par hasard, à l’adolescence, dans son Algérie natale. “En courant, j’ai trouvé une forme de liberté. Et, à la différence du football ou du cyclisme, cela ne demandait pas beaucoup de moyens, juste une paire de chaussures”, avoue-t-il. Chaque jour, pour se rendre à l’école, Rachid enchaîne les foulées. Sérieux et assidu, il se fait remarquer par un professeur qui le pousse à se dépasser encore et encore.

A 17 ans, il s’envole pour Fontainebleau où il concourt aux championnats du monde scolaire. une première grande course qui ouvre la voie à de nombreuses autres. Bristol, Boston, Palerme, Paris... Le sportif multiplie les courses, les marathons et les records avec toujours cette rage de vaincre, cette soif de s’en sortir.

Rachid s’installe en France. La période est difficile. “Quand je suis arrivé en 1997, je n’avais pas de papiers. Lors des déplacements, je me demandais toujours comment j’allais pouvoir rentrer sur le territoire. C’était très dur. Mais je n’avais pas le choix : c’était avancer ou mourir.” Au hasard d’un semi-marathon à Lille, Rachid croise Martine Aubry, alors ministre de l’Emploi et de la Solidarité. il lui expose ses difficultés. Quelques mois plus tard, sa situation est régularisée.

Les Jeux olympiques d’Athènes

En 2004, Rachid Ziar foule la piste la plus prestigieuse : celle des Jeux olympiques, à Athènes. il porte alors les couleurs de l’Algérie. “J’ai dû me battre pour pouvoir participer. Je n’étais pas au meilleur de ma forme et la Fédération avait prévu d’envoyer un autre athlète que moi. Encore une fois, j’ai montré que j’avais la niaque.” Mais la course dont il est le plus fier, c’est le marathon de Paris, en 2002. il y a battu le record d’Algérie en 2h09 et 54 secondes. un record qu’il détient toujours.

En 2008, Rachid prend sa retraite sportive. Depuis, il s’occupe de ses trois enfants et travaille comme agent de sécurité. “Il y a quelques temps, j’ai travaillé à la sécurité du marathon de Lyon. A la différence des autres agents, j’étais le seul à l’avoir remporté un jour”,s’amuse-t-il.
Dès qu’il le peut, il encadre la cin- quantaine de jeunes pousses du club de Vaulx-en-Velin et prépare leur pro- gramme d’entraînement. Si le dépassement de soi est très important, Rachid n’a de cesse de rappeler aux jeunes licenciés vaudais que le plaisir doit toujours primer. “Il faut faire ce qu’on fait par passion. Le sport, c’est une chose. Les études, une autre, bien plus importante. Si on n’est pas champion du monde, il est impensable de gagner sa vie en courant.”

Maxence Knepper

Photo © Lara Balais

Ancien sportif de haut niveau, Rachid Ziar est président d’honneur de l’Athlétisme club de Vaulx-en-Velin. Retour sur son parcours atypique qui a de quoi inspirer plus d’un jeune athlète. 

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