Actualités / Société - mercredi 05 novembre 2014
Roms combien de temps dans l’impasse ?
BEAUCOUP sont en France depuis plusieurs années, elles sont originaires des provinces de Bihor et d’Arad en Roumanie. “Nous sommes environ 200 et il n’y a pas de place pour d’autres”, indique Roméo. Lui, âgé de 36 ans, est arrivé dans l’hexagone en 2006. “Je ne peux pas vivre en Roumanie avec un salaire qui ne suffit pas à payer les charges du logement et nourrir ma famille, quand la vie est presque aussi chère qu’ici”, dit-il. Ses enfants sont à l’école primaire à Lyon 7e et au collège à Monplaisir. “Ils se lèvent très tôt pour aller à l’école” et font ce qu’ils peuvent pour être présentables en vivant dans de telles conditions.
Marie Higelin, présidente de l’association Enfant sans toit, estime que “veiller aux conditions d’hygiène est une nécessité aussi bien pour les familles Roms que pour les riverains”. Suite à la plainte déposée par l’entreprise Derichebourg, le juge du tribunal administratif a prononcé, en septembre, l’expulsion de ces 50 à 60 familles en accordant un délai de deux mois, qui conduit à la date du 19 novembre. Les campements illicites ne bénéficient pas du dispositif “trêve hivernale”, le jugement pourra dès lors s’appliquer. La députée maire, Hélène Geoffroy, souligne qu’“une question humaine” est en jeu et que “l’expulsion se fera seulement dans le cadre de la loi”.
Du rejet à l’insertion
Un fait divers qui s’est produit dans le bidonville a été relayé récemment dans la presse locale : un acte de violence commis au sein d’une famille. Le discours vient à l’appui de l’idée dominante qui fait des Roms une population marginale et délinquante. Mais sur quoi faut-il mettre la lumière ? Sur ce fait divers qui concerne une famille rom comme il pourrait concerner toute autre famille ? Ou sur le sort de ces hommes et femmes qui migrent pour trouver leur place en ce monde et sur les freins à l’insertion qui viennent moins des personnes que du système ?
“Un système qui, à cause des logiques économiques propices à la précarisation et à l’exclusion, et les politiques de rejet orchestrées par les pouvoirs publics, limite de facto les possibilités d’insertion des personnes en question”, explique Olivier Gros, géographe, membre de l’Observatoire européen des politiques en direction des groupes désignés comme roms / tsiganes. Existe-t-il une question rom ? n’y a t-il pas plutôt un postulat qui vise à assimiler ces migrants à des délinquants qu’il faut chasser du territoire ? La question rom “est une création des sociétés dominantes et de leurs institutions” affirme encore Olivier Gros, en désignant des personnes ou des groupes comme problématiques à cause de leur mode de vie, elles provoquent la marginalisation et fabriquent des boucs émissaires.
Il est heureusement des actions d’insertion qui fonctionnent et dont la clef est la qualité des relations humaines. Ainsi Bella, la sœur de Roméo, a bénéficié du plan Andatu(1). Sa famille, comme d’autres, s’intègre dans la société tout en gardant sa culture, ses règles de vie qui ne valent pas moins que les autres. “Il faudrait parler des Roms qui passent inaperçus dans la société française parce qu’ils sont étudiants, salariés, cadres, entrepreneurs, donc intégrés”, observe un militant vaudais.
Fabienne Machurat
Photo © Marion Parent
(1) démarche d’insertion des Roms initiée en 2011 par la préfecture du Rhône.
Un autre regard sur la culture tsigane
La 8e édition du festival Itinérances tsiganes, initié par La Maison des passages, présente la richesse de cette culture à travers la musique, la peinture, les contes ou encore quelques documentaires. jusqu’au 15 décembre, en différents lieux dans le Rhône et l’Isère. Inauguration le 6 novembre à 18h30 à la médiathèque Jean-Provost à Bron, en présence de Raymond Gurême, ancien résistant.
En juin, quelques familles roms se sont installées sur le terrain Derichebourg, au fond de la rue Jacquard, au Sud. D’autres les ont rejointes en juillet, chassées de différents squats ou campements sauvages.
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