Actualités / A Vaulx Jazz 2015 - mardi 24 mars 2015

Variant secoue le Périscope

Lyon, quartier de Perrache. Il est 23h30. Au 13 rue Delandine, quelques fumeurs brisent le silence,  remuant doucement leurs corps au rythme d'une musique enjouée, dont les notes se faufilent via l'entrée grande ouverte. Les lampadaires éclairent discrètement l'enseigne noire, sur fond rouge, du Périscope. A l'intérieur, il n'y a pas encore foule. Ce soir, c'est pourtant Variant qui régale, quartet composé de références de la nouvelle scène jazz-funk : les Franciliens de Chlorine Free, le batteur Gauthier Garrigues et le saxophoniste Soweto Kinch. L'affiche est définitivement prometteuse et qui plus est, proposée gratuitement ! "Ce concept des 'after jazz' est une belle réussite", avoue Pierre Dugelay, le directeur du lieu. "En temps normal, le reste de la saison, on ne pourrait pas se permettre de présenter de tels artistes à titre gracieux. Nous avons organisé deux after l'an passé, autant cette année. C'est un luxe et nous sommes très satisfaits de cette collaboration avec le festival vaudais."
"Ce concept des after jazz est une belle réussite"
Bientôt minuit. Le carrelage damé rouge et blanc est désormais bien investi. Les musiciens s'emparent de la scène, quatre silhouettes qui se détachent du fond noir. Face à face, le claviériste et le batteur mettent en valeur les premières notes acides du saxo. Et quand le freestyler de Birmingham pose son instrument, il électrise le public de ses phrasés hip hop cinglants, graves, et percutants. En retrait sur scène, le bassiste délivre avec une déconcertante rapidité, sans temps mort, des lignes parfois hypnotiques, souvent entraînantes, qui dopent l'urgence, la tension des morceaux proposés. Après une première demi-heure jouée sur le fil du rasoir, le quartet varie les ambiances et se permet même d'improviser des paroles avec l'assistance hétéroclite avant un rappel libérateur. Les quelques 250 connaisseurs, âgés de 20 à 50 ans, ont aimé, sinon adoré les 90 minutes de set.
En sueur, chemise blanche trempée, Virgile Lorach, bassiste et fondateur du projet, partage sa joie : "On a mis énormément d'énergie, un peu trop parfois... On a eu du mal à se canaliser. C'est normal, c'est le premier concert du groupe et nos premières répétitions datent seulement de jeudi dernier." L'expérience, enrichissante ne sera pas sans lendemain, puisque la jeune formation entend tracer sa voie. Dehors, les aficionados débriefent. Les fumeurs sont beaucoup plus nombreux. Puis, peu à peu, tous repartent dans la nuit, sur le bitume des rues de Perrache silencieuses et désertes, avec le sentiment d'avoir passé un très bon moment. Rendez-vous en mars 2016.
Xavier Cerf

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