Société / Le service public de l’eau, dans les mains du privé ou du public ? - mardi 16 octobre 2012

Et la qualité de l'eau dans tout ça ?

ICI l’eau du robinet mérite un grand O, parole de Veolia via la voix du Grand Lyon(1). Elle est de “très haute qualité”, “en grande partie venue des Alpes par la nappe phréatique du Rhône”, “naturellement potable, car filtrée par le sol qu’elle traverse”. Elle ne subit aucun traitement, à l’exception d’une goutte de chlore ajoutée tous les 1000 litres. Elle est “sûre”, quand “les services de santé et autres partenaires du Grand Lyon réalisent chaque année plus de 8000 prélèvements…”. Elle répond “aux normes de qualité fixées par le code de la santé publique, des normes encore plus draconiennes que celles fixées par l’Organisation mondiale de la Santé”. De quoi être rassuré ! Ou se dire : n’est ce pas trop beau pour être vrai ?
L’hydrogéologue Bruno Ducluzaux crie O mensonge absolu ! Il dénonce depuis des années la pollution de l’eau du Grand Lyon. “L’eau provient à 90 % du Rhône et 10 % de la nappe phréatique passant sous Vaulx-en- Velin, affirme-t-il. On ment en niant toute relation entre le fleuve et l’eau captée.
L’eau de Lyon est polluée par les solvants chlorés, les pesticides, les HAP(2), les perturbateurs endocriniens… du Rhône. Le minimum serait d’informer les usagers et de traiter l’eau par des charbons actifs, comme le fait la ville de Genève”. Le problème à ses yeux, “c’est le mensonge de l’entreprise privée qui gère l’eau du Grand Lyon et donne de fausses informations aux élus qui décident et votent l’avenir de l’eau à Lyon”.
Aujourd’hui en France, d’autres spécialistes alertent : la qualité de l’eau distribuée est plus inquiétante qu’on ne le dit. Certains plaident pour une nouvelle manière d’évaluer l’eau potable. Yann Olivaux, un des chercheurs du Comité de recherche et d’information indépendantes sur l’eau (CriiEAU), nouvellement créé, explique : “L’approche actuelle analyse les substances indésirables une par une, séparément et ne prend pas en compte l’effet cocktail, c’est-à-dire leur effet synergique. Elle néglige également l’effet des faibles doses, effet pourtant aujourd’hui bien établi, notamment sur les fonctions endocriniennes. Enfin, seules 40 molécules sont surveillées sur les 10 000 en circulation dans les eaux”. De son côté, la polytechnicienne Anne Spiterri a créé un site Internet citoyen en 2011, Eau évolution, pour révéler la surveillance biaisée de la qualité des eaux superficielles et souterraines. Elle dénonce, elle aussi, une surveillance réglementaire a minima qui conduit à minorer très gravement l’ampleur de la pollution des rivières et des nappes phréatiques françaises.

(1) Source : site Internet du Grand-Lyon.
(2) hydrocarbures aromatiques polycycliques.

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