Actualités / Société - mercredi 20 novembre 2013

Rythmes scolaires : une réforme complexe

"LES FAMILLES vaudaises sont très investies sur la question de l’école et ce, quelle que soit leur situation sociale”, se satisfait Marie-France Vieux-Marcaud, adjointe au maire déléguée à l’Education. C’est ce qui ressort des résultats du questionnaire que la Ville a initié fin septembre à l’attention des parents et des enseignants. Ils ont été interrogés sur l’aménagement des rythmes scolaires (choix du jour et des horaires).

Plus de 3000 questionnaires ont été retournés sur un total de plus de 4000 familles. “Cela valide la démarche initiée par le maire de se concerter avec les principaux intéressés et de prendre le temps de réfléchir”, poursuit l’élue.

Un comité consultatif réunissant parents d’élèves, enseignants, services municipaux, Usep, associations, OMS et élus, travaille sur le sujet depuis le printemps dernier. “Ces rencontres ont rassemblé près de 250 personnes, précise le maire, Bernard Genin. La question des horaires est désormais actée, il nous faut maintenant travailler sur le périscolaire”. Comme prévu, à Vaulx-en-Velin la réforme sera mise en place à la rentrée prochaine.

Deux fois plus d’enfants dans les activités

Va se poser désormais la question des activités après l’école. D’une part sur la qualité des actions proposées, mais aussi sur le coût de leur mise en place. “Cette réforme coûte cher aux collectivités, explique le maire. Les activités périscolaires sont de la responsabilité pleine et entière de la Ville. Tous les soirs, nous accueillons déjà 1500 enfants, dont certains ont plusieurs activités dans la semaine. Au vu de la demande, nous devrons en pendre en charge deux fois plus”.
Et la Ville devra recruter des animateurs qualifiés. Ils sont déjà 250 à assurer ces activités, il en faudra une centaine de plus. “Toutes les communes vont chercher des animateurs en même temps, il va sûrement être difficile d’en trouver autant”, regrette Marie-France Vieux-Marcaud. Sans oublier la réorganisation complète du travail du personnel municipal employé dans les écoles : agent spécialisé des écoles maternelles (Atsem), agents de restauration, de nettoyage, gardiens... Soit un total de près de 250 employés municipaux dans les groupes scolaires de Vaulx-en-Velin.

Selon l’Association des maires de France (AFM), la réforme des rythmes scolaires va coûter plus de 150 euros par enfant. Si l’aide de l’Etat est reconduite en 2014, les Villes recevront 90 euros, puis 50 euros par enfants en 2015. Après, plus rien. “Ça représente au minimum 600 000 euros pour la Ville, compensés pour moitié en 2014 et pour un quart en 2015, dénonce Bernard Genin. C’est un véritable transfert de charges. On met moins d’adultes dans les écoles et on demande aux villes de compenser”.

Les Villes, seules face à la réforme

Début décembre, le maire fera une proposition sur les rythmes scolaires au directeur académique des services de l’Education nationale, lequel prend la décision en dernier ressort. “Nous avons écouté les principaux intéressés, notre proposition sera nourrie des débats qui se sont tenus au sein du comité consultatif, conclut le maire. Et nous allons continuer le travail. Mais cela ne résout pas la question de fond qui est celle du bien-être des enfants et de leur égalité devant la réussite scolaire”.

A l’image de Vaulx-en-Velin, les villes se sentent un peu seules pour mettre en place la réforme des rythmes scolaires. Pour la première fois, les agents territoriaux ont rejoint les enseignants lors de la grève et de la manifestation du 14 novembre. Dix écoles étaient fermées à Vaulx. Ce n’est pas tant contre la réforme qu’ils ont manifesté ensemble, mais sur sa mise en place : “La priorité, c’est de recréer des postes d’enseignants, de remettre en place une formation initiale et continue de qualité, insiste Benjamin Grandener, directeur de l’école Langevin et responsable du syndicat SNUI-PP FSU. L’Etat veut mettre en place du périscolaire, alors qu’il le finance. Sinon, il y aura des inégalités entre les villes”. Des inégalités concernant l’accueil et les locaux pouvant être mis à disposition, la qualité de l’encadrement et des activités proposées, sans oublier la différence de rythmes entre élèves de maternelle et d’élémentaires. Le comité consultatif vaudais a encore bien du travail pour répondre à ces questions d’ici la rentrée 2014-2015.

Edith Gatuing

Photo © Marion Parent

La manifestation des enseignants du 14 novembre 2013 contre la réforme des rythmes scolaires en images

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