Cadre de vie / Le vivre ensemble se mitonne en cuisine - mardi 18 décembre 2012

De la cuisine aux mots, tout un échange

A LEVY, la cuisine va avec les mots. L’activité du centre social de La Grappinière a lieu une fois par mois et rassemble, comme ailleurs, des fem- mes issues de différentes cultures qui se rencontrent pour cuisiner et déguster les mets préparés. Mais ici, l’activité est le support d’un échange où le langage tient toute sa place. L’espace cuisine devient un lieu où la langue se libère. On évoque les recettes de grand-mères, les astuces, les petits trucs qui font que le plat sera meilleur ou plus digeste. Parfois, même, on se laisse aller aux confidences sans même s’en rendre compte, de manière tout à fait naturelle. Les bibliothécaires contribuent à enrichir cette convergence entre les mets et les mots. “Elles viennent lire des textes en lien avec le vocabulaire ou les expressions culinaires. Nous faisons venir par- fois un invité qui peut susciter la discussion à travers la lecture de textes. On se nourrit de mots, de mets, et de la présence de l’autre. On laisse aussi la place aux nourritures abstraites”, commente Myriam Venet.

Esme va préparer un plat turc. C’est la première fois qu’elle participe à l’atelier. Elle navigue au milieu du groupe expliquant aux unes et aux autres sa recette, donne des directives, des conseils, tout en contrôlant la cuisson de son plat. “C’est difficile pour moi car je n’aime pas diriger et j’ai l’habitude de tout faire toute seule. Je suis plutôt une abeille”, confie-t-elle. Le principe de l’atelier permet à chaque participante de tenir un soir le rôle de chef cuisinier. “C’est très valorisant pour nous. Ça nous permet de transmettre nos savoirs et ceux de nos ancêtres. Ainsi la tradition se perpétue. La culture passe par la cuisine, elle fait partie de notre identité”, souligne Kheira.

Le groupe est semblable au navire naviguant d’îles en continents. “C’est comme si on voyageait en goûtant diverses spécialités, nous découvrons des plats typiques et nous essayons de les reproduire chez nous. Nous retrouvons nos racines tout en s’inspirant des

autres cultures. Ça nous rend très créatives”, étaye Jeannine d’origine malgache. Djamila aime “avec des petits riens faire de bonnes choses. Chacune devient un peu la reine du jour lorsqu’elle pro- pose son plat”. Laurent Vercelletto, comédien de la compagnie Luca Théâtre en résidence au centre culturel communal Charlie-Chaplin, est l’invité du jour. Il vient lire des textes de son choix. “Cela permet d’aller à la rencontre d’un public qui ne vient pas forcément au théâtre”, estime-t-il.