Portraits / JOURNAL N°83 - mardi 03 décembre 2013

Fatma Fartas, que reste-t-il de la Marche ?

“NOUS partîmes cinq cents, mais par un prompt renfort, nous nous vîmes trois mille en arrivant au port.” La Marche pour l’égalité, c’est le Cid revisité. Une poignée de personnes prenant la route à Marseille le 15 octobre 1983 pour dénoncer le racisme qu’ils subissent ; 100 000 manifestants à l’arrivée, le 3 décembre, battant le pavé parisien. Parmi ces renforts, Fatma Fartas, éducatrice vaudaise qui tempère son implication de peur qu’on l’accuse de récupérer un mouvement qui n’avait rien de politique. “Moi, j’ai juste marché un peu à Lyon et à Paris. Je n’étais ni un leader ni une marcheuse permanente, mais une petite main.” C’est au centre social villeurbannais où elle est bénévole que Fatma a vent de la marche, alors qu’elle “se cherche”. “Je ne savais pas vraiment ce que cela allait donner, mais j’étais porté par la dynamique collective, jusqu’à me retrouver au rassemblement de la Bastille. Au retour, ça a été une vraie prise de conscience des injustices, des bavures et du contexte social.” Des associations naissent comme les Jeunes arabes de Lyon et banlieue (Jalb). Fath – comme on l’appelle – se mobilise, reprend des études et devient travailleuse sociale. Que reste-t-il de la marche trente ans plus tard ? Certaines promesses semblent enterrées. “La France accuse d’énormes retards sur le droit de vote des étrangers et l’emploi des jeunes de quartiers populaires.” La quinquagénaire reconnaît tout de même que le mouvement a eu cela de positif qu’il a fait éclore son âme militante. “Depuis, nous existons, nous qui étions invisibles.”

Maxence Knepper

En 1983, à 20 ans à peine, Fatma Fartas rejoignait la Marche pour l’égalité et contre le racisme, la célèbre Marche des beurs. Trente ans plus tard, elle déplore une inertie concernant la situation des jeunes.

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