Portraits / JOURNAL N°83 - mardi 03 décembre 2013
Marco et Karla, un air de Chili à Vaulx-en-Velin
OCTOBRE 1967, Marco Perez naît au Chili, quand meurt Che Guevara en Bolivie. Hasard ou signe, Marco s’engage très tôt en politique pour défendre des idéaux. Il a six ans quand le coup d’Etat d’Augusto Pinochet renverse le président Salvador Allende. Pendant la dictature militaire, son entourage, dans le camp de ceux qui résistent, est touché par la répression et les arrestations. “A quinze, seize ans, j’ai rejoint le Mir, le Mouvement de la gauche révolutionnaire, et je me suis engagé dans la lutte frontale contre la dictature”.Il combat aussi,via la culture et l’éducation populaire, via la musique et la guitare, en s’inspirant de Victor Jara qu’il admire.
Il quitte le Chili avant que la démocratie ne soit rétablie. En France, il reste engagé et fidèle aux idées de paix et de justice sociale. Il préside l’association Palenque de 2007 à 2011. Et suit de près la politique de son pays. En 2011, Marco mène des actions avec les étudiants chiliens de Lyon “parallèlement aux manifestations de la jeunesse qui, au Chili, réclame une éducation publique, gratuite et de qualité” – quand 70% des étudiants s’endettent pour payer leurs études et que 65% les arrêtent faute de moyens. Ces jeunes-là font partie “d’une génération qui renoue avec une certaine conscience politique, quand le modèle libéral fait aujourd’hui des ravages au Chili”, dit Marco.
A la mémoire de Jara et des victimes de la dictature
Karla Galvez, née en 1979, appartient de son côté à une génération plutôt désengagée : “Au Chili, je ne m’intéressais pas à la politique, ni au passé de mon pays. Tout le monde évitait d’en parler. C’est ici, avec Marco que, petit à petit, j’ai pris conscience...”. Son compagnon précise : “Je lui ai dit : je ne veux pas te démontrer, juste te montrer”, pour que Karla forge sa propre opinion. Aujourd’hui, elle partage les convictions de Marco et un certain rejet du modèle néo-libéral.
Leur rencontre s’est faite au Chili et Karla a rejoint Marco à Vaulx en 2009. Ils se sont mariés, il y a un an et demi. Lui est employé d’immeuble à Bron, elle, apprend le français et recherche une formation dans le domaine socio culturel. Ils font beaucoup de choses ensemble, à deux voix : engagement, chant, projets. Le jeune couple est ainsi à l’initiative d’un concert qui réunira quarante guitaristes pour un hommage à Victor Jara, le 14 décembre salle Jara. Ils souhaitent aussi mettre en œuvre la restauration de la fresque qui orne la façade du lieu. “L’idée est née le jour où nous l’avons montrée à des étudiants chiliens. Pour nous, il s’agit de restaurer plus que la peinture : la mémoire aussi”, explique le couple. Il aspire à véhiculer la cul- ture, éduquer, transmettre des valeurs universelles... et réveiller la conscience politique. Parce que selon eux, le désintérêt, l’indifférence du peuple renforcent les puissants et l’inégalité parmi les hommes. Rêvant d’un peuple souverain, Marco conclut avec les mots de Neruda : “ils peuvent couper toutes les fleurs, mais ils n’empêcheront pas le printemps”.
Fabienne Machurat
Photo © Marion Parent
Marco vit en France depuis ving-quatre ans, Karla l’a rejoint voici quatre ans. Habitants et militants, ils sont à l’initiative d’un concert et d’un projet dédiés à leur compatriote Victor Jara.
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La rédaction de Vaulx-en-Velin Journal